30 avril – Communication scientifique : le Covid-19 comme révélateur ? – Jean-Claude Guiraudon

Une habitude est de mettre en début de texte une citation célèbre, supposée éclairer les lecteurs sur ce qu’ils peuvent attendre de la suite. J’ai longuement hésité entre Epictète, Tocqueville et Coluche pour me rabattre sur une formule d’auteur méconnu, en m’adressant directement au Virus ou à son employeur : « Tu commences sérieusement à nous les gonfler ».
Dans cette tourmente, je suis un « planqué » et j’adresse d’abord toute ma reconnaissance et Grands Mercis, aux millions d’acteurs, qui eux, ont continué à faire fonctionner tous les secteurs essentiels au Pays dans des conditions jusqu’à ce jour inconnues.
Je suis supposé être un acteur majeur, en âge bien sûr, de l’Education Populaire matinée de Culture scientifique technique et industrielle.
Ma position personnelle, depuis le mois de janvier avec l’apparition de l’épidémie, était qu’il s’agissait d’un Tsunami qui allait balayer la Planète et qu’on ne parlera rapidement plus d’un retour possible à la NORMALE d’HIER. Nos générations vont devoir apprendre à rebricoler ensemble toutes les conditions de vie et de futur avec un IDH (indice de développement humain) compatible avec le bonheur pour le nouveau statut des terriens.
Il y a une similitude avec l’année 1921 après une épidémie et une guerre mondiale où il a fallu remettre en place ou créer de grandes institutions internationales, sauver les économies, retracer des frontières, massacrer les capacités de développement des pays colonisés ou occupés par l’Occident, connaître de grandes migrations, et limiter les armements. Malheureusement nous avons l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire puisque le pire arrivait 20 ans après.
Nous pouvons aussi réviser notre « 1945 », un peu mieux bricolée mais plombée par la Guerre froide entre les deux blocs Est et Ouest, supposée connaître une fin en signant une Paix sur une peau de bouc percée, à en juger par les 30 Glorieuses et quelques conflits plus ou moins répertoriés à ce jour. En plus cela se joue avec le bonus des armes nucléaires et leurs vecteurs, plus un risque nucléaire supposé être limité (traités SALT).
Le traitement de la Pandémie par les grande institutions internationales ou régionales, par le Pays seul ou en voisins, par les systèmes de communication numérisée, les informations citoyennes, le fonctionnement des dispositifs démocratiques nation par nation, le traitement des informations, consignes, prescriptions s’est fait dans une immense improvisation, avec des moyens souvent inadaptés et saturés rapidement, des décisions mal préparées, qui conduisent à des impasses.
Ainsi avec la création de sur-pauvretés par les pertes de revenus de nombreuses familles. Le creusement des écarts entre les premiers de cordée et les bases en souffrance, leurs mauvais traitements peuvent déboucher sur des guerres civiles ou de religions. Ceux du sommet devraient savoir que le ruissellement final c’est quand ils tombent sur le bas et que plus on tombe de haut plus on a mal.
C’est une crise de la communication avec l’hystérie de nombre des médias qui s’est tout un coup appuyée sur pléthore de spécialistes et de sommités de toutes les catégories de toutes les Facultés ou professions paramédicales. Eux qui étaient précédemment, chichement invités sur des questions de surpoids ou de régimes alimentaires, étaient supposés tout savoir et écoutés quasi religieusement, y compris par les journalistes qui n’auraient pas hésité à leur confier les clés du camion.
Je m’arrête là pour exprimer mon ressenti de l’échec de mon engagement de plus de 50 ans, principalement auprès des jeunes pour leur faire partager et maîtriser les outils et les connaissances scientifiques, techniques, industrielles et culturelles, pour réussir leur vie mais en solidarité avec les autres. C’est-à-dire d’être des citoyens avisés et autonomes pour être acteurs de la démocratie.
Cela ne peut être réussi que s’il y a continuité des apprentissages et des maîtrises tout au long de la vie pour les appliquer en continu dans leurs choix de vie et dans la détermination des choix collectifs.
Le plaisir d’apprendre est un socle du savoir-être, en citoyen éclairé. C’est ce que résumaient déjà nos anciens avec l’expression « c’est dur oui mais c’est l’apprentissage de la vie ».
A chacun de balayer devant sa porte : écoles, collèges, lycées, université, industries, professionnels, recherche, industrie, parents, collectivités gouvernementales, centres de sciences et de culture, associations etc., sans hiérarchie dans l’importance ni boucs émissaires.
En y prenant ma part, je reconnais donc l’échec collectif de la vulgarisation, de l’animation, de la médiation, de la communication des sciences, des techniques, de l’industrie, de la culture, indispensables aux jeunes et après.
Mes champs d’intérêts sont toujours l’international avec le Milset (Mouvement International pour le Loisir Scientifique Et Technique) et toutes les interactions auxquelles il contribue, le national avec le groupe « Michel Crozon » qui contribue à la réflexion sur le Palais de la découverte 2024, le local, notamment pour accompagner et valoriser des projets par et pour les jeunes. Autant de terrains d’actions qui vont avoir fort à faire au service de la réussite et la pérennité de la société de l’APRES.
Je suis disposé à y participer en particulier en contribuant à la mutualisation des associations, des structures, des services et aux partages des ressources et des compétences.
A bientôt et j’espère que vous me reconnaitrez avec ma tête d’EX CONFINE.
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Jean-Claude Guiraudon, Président d’honneur du Milset