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07.02.25

La médiation scientifique dans les bibliothèques : où en est-on ?

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Gerd Altmann / Pixabay

Modifié le 20.02.25 — Le festival Sciences Infuses, organisé par Est Ensemble, se déroule du 1ᵉʳ février au 29 mars 2025 dans les bibliothèques du Grand-Est parisien. Pour cette 10ᵉ édition, consacrée aux aventures sous-marines, la programmation proposée est ludique et variée : expositions, ateliers, conférences, projections, animations. Cet évènement s’intègre dans une timide série de dispositifs mis en place par les bibliothèques pour renforcer leur offre de médiation scientifique.

La volonté affirmée de certaines bibliothèques de développer leur offre de médiation scientifique n’est pas nouvelle même si, dans les esprits et dans les faits, une frontière semble persister entre culture scientifique et culture littéraire. Face à ce constat, des acteurs tentent de trouver des solutions, comme dans l’ouvrage « Médiatiser les sciences en bibliothèques » paru en 2016 : des professionnels partagent leur expérience de terrain et suggèrent des pistes de réflexion-action pour développer la médiation des sciences et la culture scientifique dans les bibliothèques.

La médiation : l’impulsion de l’État

En 2021, après avoir encadré les missions des archives et des musées, l’État français adopte une loi, dite loi Robert qui fixe celles des bibliothèques publiques. Elles sont dorénavant définies comme des institutions publiques qui garantissent l’égalité d’accès à la culture, à l’éducation, et à l’information. À ce titre, l’État n’attend pas d’elles qu’elles se limitent à la gestion des livres, mais bien qu’elles soient le moteur d’une véritable inclusion sociale. Les bibliothèques doivent également représenter le pluralisme des courants d’idées, aiguiser l’esprit critique des citoyens et elles sont chargées d’encourager la participation active des usagers à travers des actions de médiation culturelle et scientifique. Le rapprochement entre la science et la bibliothèque s’accélère.

Le relai dans les territoires

La mise en application de la loi de 2021 revient essentiellement aux collectivités territoriales, notamment aux départements, qui vont mettre en place un ensemble de mesures pour tenter de répondre efficacement à ces nouvelles missions. Elles vont notamment s’appuyer sur le tissu associatif local et soutenir le développement de réseaux professionnels territoriaux pour construire une offre variée et adaptée dans laquelle la médiation scientifique devrait trouver une place.

 

Certaines initiatives voient ainsi le jour, comme le partenariat entre la médiathèque départementale de Seine-et-Marne et l’association de culture scientifique Traces dans le cadre du projet européen « TinkerLib » dont l’un des objectifs est de favoriser le développement de la médiation scientifique au sein des bibliothèques du territoire.

 

Dans le même temps, l’association de médiation scientifique Délires d’encre développe son programme Sciences en Médiathèque qui a pour objectif de promouvoir la médiation des sciences auprès des professionnels du livre en favorisant des collaborations avec les acteurs du monde scientifique et associatif.

 

Les festivals dédiés aux sciences en bibliothèques se multiplient et d’autres se développent comme le festival Sciences infuses. Chaque évènement est une nouvelle occasion pour les professionnels des bibliothèques de se former à la médiation scientifique.

 

Cependant, les bibliothèques restent encore peu nombreuses à s’ouvrir à la valorisation des sciences. La peur de perturber un public bien identifié, une forme de désintérêt pour les sciences dites « dures » et un sentiment d’illégitimité que la formation ne permet pas de contrer chez les bibliothécaires entravent l’ouverture des bibliothèques à ces domaines.

Une solution : les bibliothèques 3ᵉ lieu

Si les sciences commencent à trouver leur place dans certaines bibliothèques publiques, des établissements les ont largement intégrées depuis près de 15 ans : les bibliothèques troisième-lieu. Ces espaces, qui s’inspirent du modèle « third place » développé par le sociologue américain Ray Oldenberg au début des années 80, s’émancipent du modèle historique des bibliothèques traditionnelles. Les bibliothèques troisième-lieu intègrent une forte dimension sociale à leurs missions tout en développant des activités hybrides comme la médiation, l’exposition ou l’organisation d’évènements

 

Dans le cadre des entretiens Cart’Ocim, Hélène Brochard, Présidente de l’Association des bibliothécaires de France, explique que le modèle de bibliothèque troisième-lieu sera amené à se généraliser avec l’instauration de la loi Robert.

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