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19.12.24

Une tranchée pédagogique au Musée de la Grande Guerre de Meaux

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Vue de la tranchée pédagogique du Musée de la Grande Guerre. Photo service de presse © MuseeGrandeGuerre

Le 11 novembre dernier, le Musée de la Grande Guerre de Meaux inaugurait sa tranchée pédagogique à ciel ouvert. D’une superficie au sol de 1000m² - no man’s land compris - cette tranchée offre aux visiteurs une expérience immersive de la Grande Guerre. Réalisée à l’échelle 1, la tranchée se veut être une représentation scientifique et historique exacte du système complexe des tranchées, avec deux lignes et tous les dispositifs et équipements qui permettaient aux soldats de tenir les positions durant plusieurs mois.

Un dispositif immersif et pédagogique

Inauguré en novembre 2011, le Musée de la Grande Guerre de Meaux dispose de 70 000 objets et documents repartis sur 3 000m² d’espace d’exposition. Installé sur l’emplacement de la Première bataille de la Marne (du 5 au 12 septembre 1914), le musée a pour vocation de transmettre l’histoire de la Première Guerre mondiale ainsi que les expériences vécues par les soldats au front ou par les civils à l’arrière. Le musée se dote d’une scénographie immersive, de dispositifs numériques, de reconstitutions et de nombreuses mises en situation.

L’exposition permanente – qui a d’ailleurs son double numérique sur le site du musée – présente la reconstitution en coupe du champ de bataille, de la tranchée française à la tranchée allemande, en passant par le no man’s land. Cette reconstitution n’est cependant pas accessible aux visiteurs et n’est visible que depuis l’extérieur. C’est dans un désir d’offrir une expérience plus immersive et plus proche des expériences vécues par les soldats, que le Musée de la Grande Guerre de Meaux a souhaité mettre en place une tranchée pédagogique.

Cette tranchée pédagogique est équipée d’un système de son spatialisé et de caissons de basse qui diffusent explosions, sifflements des balles ou cris et qui offrent aux visiteurs une immersion totale. Réalisée à l’échelle 1 et au plus proche de la réalité historique, la tranchée allie architecture, pédagogie et accessibilité.

Une réalisation commune

Ce dispositif immersif et pédagogique est le fruit du travail commun des équipes du musée et de nombreux prestataires extérieurs. À l’instar de l’agence Ocam Achitecture, spécialisée dans la conception de projets et d’équipements culturels, ou de la société Bâtiment Associé, tournée vers le gros œuvre et la rénovation de bâtiments historiques.

La tranchée en construction à l’Atelier de Pascal Josse. Photo service de presse
© MuseeGrandeGuerre – Atelier Joss

Enfin, l’intérieur de la tranchée est habillé des sculptures et moulages hyperréalistes confectionnés par l’atelier Adess de Pascal Josse. Cet atelier, qui avait déjà collaboré avec le musée de Meaux en 2011, est dédié à la création de grand décors principalement destinés aux espaces muséographiques. La construction des décors et de leurs accessoires a demandé onze mois de travail aux six employés de l’atelier.
Les entretiens vidéo avec les acteurs de ce projet sont disponibles sur la chaîne YouTube du musée.

Immersion au cœur de l’action

Bien qu’une tranchée pédagogique de cette taille et avec de tels dispositifs d’immersion sonore soit une première en France, d’autres se sont déjà saisis de la question : comment plonger les visiteurs au cœur de la Grande Guerre ? Le Mémorial de Verdun propose lui aussi une scénographie immersive avec, à la fin du premier niveau, un espace clos habillé d’écrans et de micros qui immergent le public dans les images et les sons du champ de bataille. Un second dispositif de réalité virtuelle complète, depuis 2021, la visite du Mémorial.

Non loin de ce dernier, à Chattancourt, il est possible de visiter 100 m de tranchée et d’abris reconstitués par des bénévoles et des passionnés de la région. Réalisée grâce à des documents et des photographies d’époque, la tranchée de Chattancourt offre elle aussi une expérience grandeur nature, accompagnée de visites guidées et de reconstitutions historiques.

Imaginées et réalisées par une grande variété d’acteurs (institutions culturelles, politiques, accusations, entreprises ou studios de production) les représentations et modélisations de tranchées ou de champs de bataille de la Grande Guerre sont nombreuses en France. Dans sa thèse (soutenue en décembre 2023), Janaïne Golonka a recensé vingt-cinq de ces dispositifs immersifs, dont dix ont fait l’objet d’une étude approfondie. Dans son article pour la rubrique Paroles de jeunes docteurs du dernier numéro de Culture & Musées, elle présente ces tranchées comme un support, une entrée vers le vécu et les témoignages des soldats, parfois au détriment de la complexité et de la diversité du système-tranchée. La tranchée n’est alors pas représentée « pour ce qu’elle est, une structure militaire, mais pour ce qu’elle permet de mettre en scène, l’expérience humaine. »

Qu’elle utilise la réalité virtuelle ou augmentée, de grands écrans, un système de son spatialisé ou bien une reconstitution fidèle à l’échelle 1, l’immersion dans le champ muséal allie l’apprentissage et le sensible, le savoir et les émotions.

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